A l'assaut du paradis

Le soleil s’apprêtait de finir sa ronde journalière. Il abandonnait ses derniers rayons sur les ruines des bâtiments qui jadis avaient prêté refuge à une population maintenant en voie d’extinction. Sa sœur nocturne, le bel astre de la nuit, démarrait son ascension vers les cieux. Elle se préparait à dominer Asiah, champ de batail de deux races opposées depuis des temps immémoriaux, deux peuples nourrissant l’un envers l’autre une haine atavique. L’obscurité de la nuit accompagnée d’un dense brouillard conquéraient petit à petit les espaces abandonnés par la lumière diurne.

Pour une ville en temps de guerre cette esquisse de nuit paraissait plutôt calme ; seulement un léger frémissement se faisait ouïr. Un son parfaitement anodin mais derrière lequel se dissimulait un danger mortel : la totalité des troupes des enfers marchait d’un unique pas sur le chemin du paradis. Un léger frémissement, c’était tout ce qui trahissait l’avancée de cette assemblée démoniaque, car un puissant shaman réputé pour sa grande connaissance en sorcellerie s’assurait personnellement, en usant de quelques fourberies magiques, de retenir la quasi-totalité des sons émis par cette armée. Ainsi avançait les troupes de Baal, maître des enfers, invisible aux regards indiscrets dans cette brume glaciale. Sillonnant l’asphalte la horde de démons s’engagea sur l’ultime route vers les portes des cieux. Elle était composée d’une bonne dizaine de milliers de démons, de toutes catégories, allant du simple esclave au démon majeur. En tête Baal, cuirassé par son armure légendaire, et à ses cotés quelques grandes figures emblématiques tel que la meurtrière Krin, la luxurieuse Bélial et l’impitoyable Kiel.

Après avoir marché pendant une bonne heure l’armée des ténèbres arriva à l’unique chemin menant aux paradis : les portes des cieux se dressaient devant eux, imposantes, elles semblaient imprenables. Alors les troupes s’arrêtèrent. Baal devança son armée d’une dizaine de mètres. Son aura jusqu’à présent dissimulé explosa de puissance. Jamais elle n’avait été ressentit aussi fortement. Ses longs cheveux blanchâtres se balançaient frénétiquement derrière lui sous la titanesque intensité d’énergie qu’il dégageait. Baal ferma les yeux et porta toute son attention sur les gardiens des deux portes. Il les cibla parfaitement, allant même jusqu’à sentir les battements de leur cœur. Avec un grand effort de concentration il s’introduisit dans leur pensée afin d’y semer le chaos. La moitié des gardes plongèrent dans la folie, seul l’autre partie qui faisait preuve d’une grande force morale n’avait eut pour séquelles qu’une sensation de peur et de froid. Une fois cette attaque psychique terminée, le roi des enfers donna l’ordre d’ouvrir le feu sur l’obstacle à leur progression. Alors tous les démons possédant la faculté de concentrer leur pouvoir dans un projectile d’une quelconque forme se mirent à bombarder la porte. Plusieurs milliers de boules d’énergie noire déchirèrent l’atmosphère, accompagné par quelques flammes, éclairs et bloques de glace, car la maîtrise des éléments restaient assez exceptionnelle chez les démons, seulement l’élite y avait accès. Pendant une bonne dizaine de minute la porte encaissait bon nombre de choques. De larges fissures commençaient à la défigurer jusqu’à ce qu’elle vola en éclats. Le tir des démons cessa, Baal prit la parole, sa voix résonna sur toute la plaine.

« N’ayez aucune pitié, ne faites aucun prisonnier. Je veux que le sol du paradis soit entièrement peint de sang. Une page de l’histoire est sur le point d’être tournée. L’ère des démons ne fait que commencer ! »

L’effet surprise avait été parfait, la défense céleste n’avait pas encore eu le temps de s’organisée.
Baal dégaina son épée. Son geste fut suivi par celui de toute une armée. Il pointa son arme vers les décombres des deux portes. Avec une voix imprégnée d’un mélange d’enthousiasme et d’excitation il hurla du plus profond de son être

« Pour le pouvoir !!! »

Et d’une seule et unique voix la horde rugit cette phrase. Cette exclamation d’enthousiasme résonna du champ de batail jusqu’à l’intérieur du paradis. Tous les démons se lancèrent à l’assaut des cieux. Dix milles paires d’ailes se ruaient vers une violente destinée. Baal en tête faisait tournoyer d’impatience son imposante lame au dessus de sa tête, il sera le premier démons à frapper son ennemi …

(Saurez vous tenir le siège ?)

Le sol terreux tremblait sous le piétinement des démons. Un nuage de poussières se forma après le passage de plusieurs milliers de pas et de battements d’ailes. Une légère défense céleste s’organisait autour des décombres de la porte, mais jamais elle ne pourrait stopper l’avancée de dix milles diables en furie. Les anges devant la mort certaine qui les attendait firent preuve de beaucoup de sang froid. Dans un élan de désespoir la défense céleste bombarda l’armée des enfers de projectile de toutes natures, que ce soit matériel comme les armes à feu ou purement énergétique. Mais les assaillants n’avaient que trop bien préparé leur assaut. Une dizaine de démons spécialisés dans les sorts de protection avaient invoqué un bouclier invisible qui englobait l’armée telle une bulle protectrice. La puissance de feu des anges n’était pas assez grande pour atteindre leurs cibles.
Plus que trois cent mètres séparaient les gardiens de la mort. Ils se jetaient rapidement des regards imprégnés d’effroi. Mais malgré la peur qui assiégeait leur esprit les anges ne fuirent pas. Il restait là, grands guerriers majestueux devant l’ombre du spectre de la mort, multipliant les tentatives de ralentir les progressions de l’ennemi.
Plus que cinquante mètres. Aucun démon n’était encore tombé, le bouclier d’énergie avait sauvé plusieurs vies. Baal devançait son armée d’une dizaine de mètres. Ses longues ailes corbeau battaient frénétiquement les airs empressées d’atteindre leur proie.
Plus que dix mètres. Une rangée de deux cents guerriers des cieux avait barré l’entrée au paradis. Baal brandit bien haut son épée. D’un coup habile et terriblement violent il tua dix des anges qui lui faisaient face. Le reste de l’armée s’affala sur les lignes divines. Elles furent complètement anéantit en quelques minutes seulement. Victorieux, Baal emmena ses troupes jusqu’au prochain obstacle. Le difficile restait à faire. Il fallait traverser tout l’Astilout afin de pénétrer dans l’ultime salle, l’Ellision.
Ainsi commença la grande ascension de Baal sur les terres des anges.

[ à suivre ]

» Le Roy du paradis: Nathaniel Jibril
» Reine du Paradis, Gabriel Jibril